De retour d'un concert un peu spécial au grand amphi de Lyon 2 sur le campus des berges du Rhône. Un moment d'électro expérimentale jouissif assis dans ce grand amphithéâtre aux lumières tapissées. Les yeux fermés, on laisse nos oreilles fonctionner et on écoute ces sons parcourir les multiples enceintes disposées tout autour de nous. Et derrière nos yeux fermés on s'imagine chacun des images que nous procure cette succession de sons. Incroyable moment.
Hier j'ai vécu ces petites joies quotidiennes de la fac en attendant MS, un enseignant avec qui j'avais un rendez-vous. Son bureau jouxte celui de tous nos enseignants dans un petit coin reculé de la fac au dernier étage. Me voilà devant la porte à attendre durant une heure que son précédent rendez-vous se termine. Le prof d'anthropologie écologique me voit de son bureau et m'entretient de questions sur lesquelles je travaille en ce moment, me donne des tuyaux. Et plusieurs fois passe devant moi JS, le prof brésilien de la fac. "Vous êtes pounie?" me dit-il en rigolant. Il repasse avec sa bouteille d'eau pleine "C'est pou' mes fleu' ". "Vous voulez les voi'? Venez, jé vous montre". J'ai le droit à la visite de son bureau et à une conversation sur la vie des plantes.
Retour dans le couloir, MS sort de son bureau et m'invite à y entrer pour que je m'y installe en l'attendant. Un bureau lumineux donnant sur le parc, au troisième étage du bâtiment. Le temps est beau. Je regarde les livres dans la bibliothèque et me lance dans la lecture du livre de Ronan le Coadic, "L'identité Bretonne". Et voilà que la femme de ménage passe, et insiste lourdement sur le fait que la fenêtre est ouverte et qu'il faut leur dire de la fermer car ils oublient tout le temps. "Surtout la personne âgée" dit-elle, ne se doutant pas que c'est le professeur émérite dans notre département, une grande star de l'anthropologie. Regards croisés.
MS revient au bout de 45 minutes, et nous voilà partis pour une heure de conversation. Nous sommes assis autour d'une table ronde, et derrière lui j'aperçois le paysage. Une petite pluie de printemps dans un ciel bleu pourtant parsemé de nuages blanc et gris, dans une lumière de fin de journée. Le paysage était aussi délicieux que la conversation que nous menions. Je venais lui entretenir de ma problématique entre trajectoire personnelle et trajectoire professionnelle, et ce fut concluant. Il ne lésine pas à me raconter beaucoup d'éléments de sa vie tout en me conseillant sur diverses questions. Très humain et plein de bon sens dans ses interventions, mais surtout de la psychologie.
Mais les entretiens avec cet homme sont épuisants, après une heure de conversation riche, je suis rentrée chez moi sonnée. Autant par l'effort intellectuel qu'il provoque sans arrêt, que par ce moment de plaisir mutuel. Et pourtant je n'entretiens aucune adulation à son égard, ces conversations appellent simplement à la sensibilité et à de l'humanité.
Et un extrait du concert de ce soir en lien ci-dessous
Tod Dockstader – Piece #1
jeudi 11 octobre 2012
lundi 1 octobre 2012
Le retour à Lyon
Le retour a toujours sonné en moi comme quelque chose de difficile, désastreux, plein de désespoir. Quelque chose qu'il fallait surmonter. Des retrouvailles émouvantes, des embrassades, et puis ensuite la dure réalité que l'on retrouve après l'avoir oubliée.
Le retour est une chose que je redoute, surtout après un moment magique. Mais ce moment magique l'est-il parce que justement je m'attends à ce retour ? Habile manoeuvre de mon cerveau pour me faire osciller entre joie & torpeur.
Cependant ...
Cette fois-ci ce fut le retour à Lyon, Lyon 2 ma fac, Lyon mes amis, Lyon mon quartier. J'ai irrémédiablement sentit une joie dès mon arrivée à la gare. Quentin était là, ses cheveux avaient poussé avec le temps passé, prêt à porter mon gros sac. Il faisait bon.
En 6 heures de temps ce retour s'est transformé en retrouvailles impromptues et heureuses. Toutes ces personnes de mon quartier qui me croyaient définitivement partie pour ailleurs, dont ma vieille voisine de 86 ans, Rosa, tellement triste lorsque je lui ai dis au revoir quelques mois auparavant. Effusions de joies et de bises : je me suis sentie chez moi pour la première fois de ma vie.
Il m'aura fallut 2 ans pour construire un semblant de cercle social, un endroit dont je maîtrise l'espace, appartenir à une sorte de territoire. Je comprends ce que ça veut dire l'amour de son quartier. Et une fois que l'on y est parti c'est dur d'y retourner.
Car oui, je ne suis pas très loin de ce quartier, mais je n'y suis pas pleinement non plus, j'ai traversé le périphérique, me voilà à Lyon, et non plus à Vénissieux. Mon nouveau quartier est aussi très intéressant, cosmopolite. Je suis passée des italiens aux arabes, et j'aime voir comment ces derniers s'approprient l'espace urbain les soirs de beau temps. Tous ces hommes en djellaba qui discutent par petits groupes avec animation sur les terrasses des snacks et sur les divers mobiliers urbains alentours. Ce fameux soir je me suis sentie comme à Barbès, mais j'ai sourit de voir ce spectacle culturel face à moi en me disant que nous européens, n'étions pas si conviviaux et que nous préférions rester cloîtrés chez nous plutôt que traîner dehors.
En-dehors de ces quartiers qui font mon bonheur, j'ai aussi l'amour de mon université. Je fais à présent partie de son personnel et j'en suis très fière. J'aime marcher dans ces couloirs alambiqués, discuter avec des anciens profs qui m'ont touchés et que je rencontre par hasard, et aussi rencontrer à n'importe quel moment de la journée quelqu'un que je connais et qui m'arrête dans ma motivation à aller travailler. L'Université est chronophage en rencontres et en discussions, c'est un bonheur quotidien d'arpenter ses couloirs, de sentir cette odeur caractéristique, de rigoler avec la femme du kiosque à sandwich, de saluer le personnel ménager... Bref, de se sentir partie prenante de cette grosse machine, et ressentir tout à fait l'opposé de la solitude qui accable nombre d'étudiants.
Je ne veux pas me fâcher avec toi, Université.
Le retour est une chose que je redoute, surtout après un moment magique. Mais ce moment magique l'est-il parce que justement je m'attends à ce retour ? Habile manoeuvre de mon cerveau pour me faire osciller entre joie & torpeur.
Cependant ...
Cette fois-ci ce fut le retour à Lyon, Lyon 2 ma fac, Lyon mes amis, Lyon mon quartier. J'ai irrémédiablement sentit une joie dès mon arrivée à la gare. Quentin était là, ses cheveux avaient poussé avec le temps passé, prêt à porter mon gros sac. Il faisait bon.
En 6 heures de temps ce retour s'est transformé en retrouvailles impromptues et heureuses. Toutes ces personnes de mon quartier qui me croyaient définitivement partie pour ailleurs, dont ma vieille voisine de 86 ans, Rosa, tellement triste lorsque je lui ai dis au revoir quelques mois auparavant. Effusions de joies et de bises : je me suis sentie chez moi pour la première fois de ma vie.
Il m'aura fallut 2 ans pour construire un semblant de cercle social, un endroit dont je maîtrise l'espace, appartenir à une sorte de territoire. Je comprends ce que ça veut dire l'amour de son quartier. Et une fois que l'on y est parti c'est dur d'y retourner.
Car oui, je ne suis pas très loin de ce quartier, mais je n'y suis pas pleinement non plus, j'ai traversé le périphérique, me voilà à Lyon, et non plus à Vénissieux. Mon nouveau quartier est aussi très intéressant, cosmopolite. Je suis passée des italiens aux arabes, et j'aime voir comment ces derniers s'approprient l'espace urbain les soirs de beau temps. Tous ces hommes en djellaba qui discutent par petits groupes avec animation sur les terrasses des snacks et sur les divers mobiliers urbains alentours. Ce fameux soir je me suis sentie comme à Barbès, mais j'ai sourit de voir ce spectacle culturel face à moi en me disant que nous européens, n'étions pas si conviviaux et que nous préférions rester cloîtrés chez nous plutôt que traîner dehors.
En-dehors de ces quartiers qui font mon bonheur, j'ai aussi l'amour de mon université. Je fais à présent partie de son personnel et j'en suis très fière. J'aime marcher dans ces couloirs alambiqués, discuter avec des anciens profs qui m'ont touchés et que je rencontre par hasard, et aussi rencontrer à n'importe quel moment de la journée quelqu'un que je connais et qui m'arrête dans ma motivation à aller travailler. L'Université est chronophage en rencontres et en discussions, c'est un bonheur quotidien d'arpenter ses couloirs, de sentir cette odeur caractéristique, de rigoler avec la femme du kiosque à sandwich, de saluer le personnel ménager... Bref, de se sentir partie prenante de cette grosse machine, et ressentir tout à fait l'opposé de la solitude qui accable nombre d'étudiants.
Je ne veux pas me fâcher avec toi, Université.
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