Le retour a toujours sonné en moi comme quelque chose de difficile, désastreux, plein de désespoir. Quelque chose qu'il fallait surmonter. Des retrouvailles émouvantes, des embrassades, et puis ensuite la dure réalité que l'on retrouve après l'avoir oubliée.
Le retour est une chose que je redoute, surtout après un moment magique. Mais ce moment magique l'est-il parce que justement je m'attends à ce retour ? Habile manoeuvre de mon cerveau pour me faire osciller entre joie & torpeur.
Cependant ...
Cette fois-ci ce fut le retour à Lyon, Lyon 2 ma fac, Lyon mes amis, Lyon mon quartier. J'ai irrémédiablement sentit une joie dès mon arrivée à la gare. Quentin était là, ses cheveux avaient poussé avec le temps passé, prêt à porter mon gros sac. Il faisait bon.
En 6 heures de temps ce retour s'est transformé en retrouvailles impromptues et heureuses. Toutes ces personnes de mon quartier qui me croyaient définitivement partie pour ailleurs, dont ma vieille voisine de 86 ans, Rosa, tellement triste lorsque je lui ai dis au revoir quelques mois auparavant. Effusions de joies et de bises : je me suis sentie chez moi pour la première fois de ma vie.
Il m'aura fallut 2 ans pour construire un semblant de cercle social, un endroit dont je maîtrise l'espace, appartenir à une sorte de territoire. Je comprends ce que ça veut dire l'amour de son quartier. Et une fois que l'on y est parti c'est dur d'y retourner.
Car oui, je ne suis pas très loin de ce quartier, mais je n'y suis pas pleinement non plus, j'ai traversé le périphérique, me voilà à Lyon, et non plus à Vénissieux. Mon nouveau quartier est aussi très intéressant, cosmopolite. Je suis passée des italiens aux arabes, et j'aime voir comment ces derniers s'approprient l'espace urbain les soirs de beau temps. Tous ces hommes en djellaba qui discutent par petits groupes avec animation sur les terrasses des snacks et sur les divers mobiliers urbains alentours. Ce fameux soir je me suis sentie comme à Barbès, mais j'ai sourit de voir ce spectacle culturel face à moi en me disant que nous européens, n'étions pas si conviviaux et que nous préférions rester cloîtrés chez nous plutôt que traîner dehors.
En-dehors de ces quartiers qui font mon bonheur, j'ai aussi l'amour de mon université. Je fais à présent partie de son personnel et j'en suis très fière. J'aime marcher dans ces couloirs alambiqués, discuter avec des anciens profs qui m'ont touchés et que je rencontre par hasard, et aussi rencontrer à n'importe quel moment de la journée quelqu'un que je connais et qui m'arrête dans ma motivation à aller travailler. L'Université est chronophage en rencontres et en discussions, c'est un bonheur quotidien d'arpenter ses couloirs, de sentir cette odeur caractéristique, de rigoler avec la femme du kiosque à sandwich, de saluer le personnel ménager... Bref, de se sentir partie prenante de cette grosse machine, et ressentir tout à fait l'opposé de la solitude qui accable nombre d'étudiants.
Je ne veux pas me fâcher avec toi, Université.
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