jeudi 11 octobre 2012

Moments de vie à l'université

De retour d'un concert un peu spécial au grand amphi de Lyon 2 sur le campus des berges du Rhône. Un moment d'électro expérimentale jouissif assis dans ce grand amphithéâtre aux lumières tapissées. Les yeux fermés, on laisse nos oreilles fonctionner et on écoute ces sons parcourir les multiples enceintes disposées tout autour de nous. Et derrière nos yeux fermés on s'imagine chacun des images que nous procure cette succession de sons. Incroyable moment.

Hier j'ai vécu ces petites joies quotidiennes de la fac en attendant MS, un enseignant avec qui j'avais un rendez-vous. Son bureau jouxte celui de tous nos enseignants dans un petit coin reculé de la fac au dernier étage. Me voilà devant la porte à attendre durant une heure que son précédent rendez-vous se termine. Le prof d'anthropologie écologique me voit de son bureau et m'entretient de questions sur lesquelles je travaille en ce moment, me donne des tuyaux. Et plusieurs fois passe devant moi JS, le prof brésilien de la fac. "Vous êtes pounie?" me dit-il en rigolant. Il repasse avec sa bouteille d'eau pleine "C'est pou' mes fleu' ". "Vous voulez les voi'? Venez, jé vous montre". J'ai le droit à la visite de son bureau et à une conversation sur la vie des plantes.

Retour dans le couloir, MS sort de son bureau et m'invite à y entrer pour que je m'y installe en l'attendant. Un bureau lumineux donnant sur le parc, au troisième étage du bâtiment. Le temps est beau. Je regarde les livres dans la bibliothèque et me lance dans la lecture du livre de Ronan le Coadic, "L'identité Bretonne". Et voilà que la femme de ménage passe, et insiste lourdement sur le fait que la fenêtre est ouverte et qu'il faut leur dire de la fermer car ils oublient tout le temps. "Surtout la personne âgée" dit-elle, ne se doutant pas que c'est le professeur émérite dans notre département, une grande star de l'anthropologie. Regards croisés.

MS revient au bout de 45 minutes, et nous voilà partis pour une heure de conversation. Nous sommes assis autour d'une table ronde, et derrière lui j'aperçois le paysage. Une petite pluie de printemps dans un ciel bleu pourtant parsemé de nuages blanc et gris, dans une lumière de fin de journée. Le paysage était aussi délicieux que la conversation que nous menions. Je venais lui entretenir de ma problématique entre trajectoire personnelle et trajectoire professionnelle, et ce fut concluant. Il ne lésine pas à me raconter beaucoup d'éléments de sa vie tout en me conseillant sur diverses questions. Très humain et plein de bon sens dans ses interventions, mais surtout de la psychologie.

Mais les entretiens avec cet homme sont épuisants, après une heure de conversation riche, je suis rentrée chez moi sonnée. Autant par l'effort intellectuel qu'il provoque sans arrêt, que par ce moment de plaisir mutuel. Et pourtant je n'entretiens aucune adulation à son égard, ces conversations appellent simplement à la sensibilité et à de l'humanité.

Et un extrait du concert de ce soir en lien ci-dessous
Tod Dockstader – Piece #1

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