mercredi 2 octobre 2013

Wilderness

Déjà trois ans que je suis revenue de là-bas, le temps file à une vitesse... Et en même temps, j'ai l'impression d'avoir avancé d'une autre manière ces trois dernières années. Fixe mais en mouvement. C'est ce paradoxe qui m'intéresse tout particulièrement en ce moment.

Me voici en master avec un cours de littérature américaine, dont le principal sujet est le territoire et l'hybridité. Ce serait ennuyeux de faire un état des lieux entier de ce cours, alors je me contenterai de dire que nous travaillons particulièrement cette question du territoire, aussi bien géographique, que culturel ou religieux en relation avec l'histoire des USA. Celle qui a besoin d'être "écrite" car c'est (soi-disant) une page blanche à l'arrivée des colons. Alors ces fameux colons, dans ces terres sans histoires, se perdent et se retrouvent, ils errent ; entre la nature et la ville, entre la religion et le démon, entre les indiens et les congénères. Les USA sont un mystère qu'il faut percer, et que l'on doit écrire, maîtriser. Mais les personnages de ces romans américains ne parviennent jamais à aucune maîtrise, ils divaguent, ils se perdent. Ce que démontre la littérature américaine raisonne fortement avec ce que je lis en ce moment sur le mythe de l'Ouest et sur l'histoire américaine.

Mais cela raisonne aussi tellement me concernant. Mon voyage en ces terres ne furent qu'errances, divagations, et mal-être psychologique. A chercher un sens dans le mouvement, mais à ne pas le trouver. Alors se remettre en mouvement pour éviter de penser à chercher ce sens. Tourner en rond. Running in circle. Et cet engouement pour cette wilderness autant que cette répulsion face au danger et à l'inconnu. Toujours vouloir aller vers l'Ouest mais en revenir pauvre comme Job. Aussi pauvre physiquement que moralement, un déchet qui ne demanderait qu'à être pris en main et revalorisé.

Les terres américaines sont-elles autant porteuses d'espoir que de perdition pour l'être humain libre ?

vendredi 25 janvier 2013

Soul Kitchen

"I really wanna stay here all night"

J'ai découvert cette chanson des Doors en travaillant chez Josée, artiste peintre au Québec. Je l'ai aidée quelques semaines dans son jardin, face au Mont Ham. C'était beau, calme et harmonieux. C'était le début du printemps, les premières lumières du jour se voyait déjà à 4h du matin. J'aimais m'allonger dans la prairie à côté de sa maison avec Grumeau, l'un de ses énormes chats qui m'aimait beaucoup.

Et Soul Kitchen, Light my Fire passaient en boucle pendant que je travaillais le jardin (quand Josée était absente, elle n'aurait pas supporté sinon!), et alors que je tombais petit à petit amoureuse d'une belle brune à quelques kilomètres de là. Les paroles de ces chansons allaient tellement bien avec la situation... Cela fait plus de deux ans, j'y pense rarement, mais j'ai aussi mes faiblesses.

Cependant, je ne pleure plus depuis longtemps cette relation éphémère, ce que je pleure ce soir c'est le souvenir de Josée. Elle m'a offert l'un de ses tableaux, une petite toile que j'ai rapportée de là-bas. Un présent gorgé d'amour qu'elle a titré en mon honneur "Rêves du Canada". Je pleure car j'ai appris en guise de bonne année que cette personne qui m'est chère se rapproche du Paradis.

Cette toile est le seul présent que j'ai de là-bas, il compte beaucoup. Je dors en-dessous depuis quelques mois, il accompagne mes rêves les plus fous. Je crois que c'est ma manière de la remercier.

Je suis prise d'une nostalgie viscérale ce soir, j'étais certes enfermée dans mon esprit, mais libre de mes mouvements là-bas. J'allais et venais à ma guise, je parcourais 4000 km en bus la semaine suivante sur un coup de tête, je m'engageais dans des aventures douteuses et souvent pénibles... MAIS JE ME SENTAIS VIVRE ! Ceci dit, cela a une odeur de névrose, un goût de déprime et de perdition. J'étais instable, une âme esseulée complètement perdue, une pauvre fille assez immature et ethnocentrée ! Qu'est-ce que j'ai changé !

Après toutes ces douleurs éprouvées, 
Ces joies ardentes, aigües et intenses, 
Ma nouvelle vie sans tourments
Me semble bien fade et insipide
en regard de mon ancien côté intrépide.
Principe de coupure comme Bastide, 
J'étais moi et autre en même temps, 
J'ai oublié ce doux sentiment...